Et tu pousses …

Publié le 10 Septembre 2016

Après avoir gentiment taclé les sites collaboratifs et leurs dérives nombrilisto-narcissiques à base de « ma sortie est quand même mieux que la tienne », je me devais (bonne foi inside) de pondérer mon propos afin de rétablir une autre réalité tout aussi vrai !

… Car rien n’aura jamais été aussi hypothétique que cette virée dans les Cerces, à part sans doute la réélection de François Hollande. Initialement votée dans les Pyrénées, recadrée en Ardèche, l’organisation essuie finalement un superbe but « gîtes complets ». Bref à deux semaines du départ, on est complètement en slip avec zéro idée … Mais trois clics sur Google plus tard et pan, nous voilà en possession d’une trace évaluée à 9,3 sur 10 : l’alti’cerces ! Et oui, en un rien de temps - dépendant plus de votre capacité à double cliquer que de la bande passante de votre connexion - vous voilà avec une king line, travaillée, peaufinée et surtout partagée par un grand connaisseur du massif, pas moyen de looser ! Fini, l’étape obligée du défrichage, étape qui renvoie à la jeunesse et surtout à l’absence d’infos. On bartassait souvent dans des chemins de débardage ou des sentiers pris au pif, en quête de la perle rare. C’était valorisant mais diablement chronophage et souvent punitif. Seul bémol à signaler ; se faire téléguider par iPHiGéNie casse un peu le côté « aventure » mais bon, un petit single expo 4 ou une descente ultra technique laissent quand même une belle marge d’incertitude … Donc point de couplet nostalgico-réac, c’est clairement mieux maintenant ! Car en plus de bonnes traces, on a aussi de bonnes bécanes ! Oublié ces bonnes vieilles antiquités :

Et tu pousses …

1. Géométrie idéale … sur route

2. Pneus interdisant toute prise d’angle

3. Cale-pieds histoire de faire corps avec la machine pour le meilleur et surtout pour le pire

4. Fourche pas télescopique

5. Freins seulement garantis pour une humidité relative inférieure à 30%

6. Cornes de bœuf pour t’éventrer en cas de chute

Côté parcours, la trace fait une sorte de H en tricotant au Sud du Thabor et propose environ 100 bornes et un peu plus de 5000 m de D+. Rien de bien méchant sur le papier en quatre jours, on pense même que ça fera un peu juste … ou pas … Cela dit, il me tardait de découvrir ce massif à vélo, un massif secondaire mais intimiste et surtout très sauvage. Alors en selle !

In arrachis donc, l’équipe est presque au grand complet ce matin à Monêtier. Manque juste Basto qui sera remplacé par Patrice. On troque donc de solides compétences en mécanique pour une animation très JM Bigard. Et quoi de mieux qu’une lapalissade pour rendre hommage à notre Patrice national, certes à la bonne humeur inoxydable mais au talon d’Achille comment dire …  légèrement en dessous de la ceinture ;)

Et tu pousses …

Les autres banditos ont tous répondu présent à ce classico annuel du VTT. Rien n’a changé ou presque ! PierreL est toujours en retard et semble concentrer l’ensemble des problèmes mécaniques de la troupe. Yannick ne montre toujours pas de signe de fatigue même après un portage de 1000 m. Olivier perpétue toujours la tradition dite « dispensable » de la blague de trop. A noter cette année le surclassement de Landry, oublié le vieux décat ! Le garçon est aux commandes d’un superbe reign armé pour affronter la caillasse haut-alpine. Rien de neuf du côté de Yann, PierreB et votre serviteur, enfin si ! Toute cette joyeuse troupe possède maintenant un livret de famille. (L’occasion ici de faire un petit Big Up aux mamans.)

Et tu pousses …

Le premier est jour est classique : vélo pas prêts, papotages à n’en plus finir, cafés … Bref, on attend que le cagnard soit maximal pour grimper ce col de la Buffère, difficulté constituant notre porte d’entrée en territoire inconnu. Ce n’est que vers le vallon de la Moullette qu’une bonne brise thermique rafraîchit l’atmosphère. Alléluia, vers 15h, la pente s’inverse, ce qui constitue une parfaite excuse pour poser les machines. On est tous rétamé car putain, elle tape cette montée. Et la descente n’est pas en reste : exigeante ! Adjectif qui sonnera comme le leitmotiv incontestable de cette virée. Aucun mètre de donné dans le D+ comme le D-. D’où une fatigue au gite absolument pas corrélée avec les stats du GPS. Qu’à cela ne tienne, on retrouve avec bonheur les temps forts post pédalage : bière - douche - popotte - dodo : du simple bien huilé ; efficace !

Et tu pousses …

Le lendemain après un presque air petit dèj, nous quittons Névache en ayant bien compris qu’il fallait revenir faire la forestière. Direction le col des Acles, par une montée … exigeante ! Doux euphémisme … Le casse-croute avalé, le parcours garde de la hauteur, nous évoluons sur un chemin en balcon dominé par des monolithes à la stabilité douteuse et perché au-dessus de Bardonecchia. Chemin certes superbe mais qui n’autorisait pas un mauvais coup de guidon ! C’est donc tout en équilibre et en serrant un peu les fesses que nous atterrissons au col d’échelle. L’après-midi est passablement entamée, qui plus est la descente a bien fait chauffer les bras et les neurones. Il est pourtant l’heure de s’envoyer un portage de 500 m : enjoy ! Y a des moments comme ça où tu te demandes si t’as pas pris un truc en trop … genre ton vélo … Mais comme toujours un top single conclut l’affaire, la bonne suée est déjà loin derrière : du vrai vélo de montagne en somme. On arrive donc tardivement au refuge. Un refuge italien avec un numéro de téléphone italien … mais en France. On a pas tout compris, un peu comme l’italien de Patrice ;)

Et tu pousses …
Et tu pousses …
Et tu pousses …

La journée de dimanche commence par un peu de vélo et beaucoup de portage … Putain, on aura pas trop usé les chaines quand même ! C’est long mais la montée est pimentée par un TP sur le calcul du moment d’inertie d’un hauban poinçonné : Olivier s’est occupé avec brio de la partie expérimentale tandis que Yannick assure le volet théorique. Plus loin vers le sommet, un lama perdu ajoute une petite touche dépaysante à ce décor XXL. Summit ; 5600 m à l’alti et un panorama nous rappelant que ça sert à rien de monter dans un avion* pour en prendre plein les mirettes … Un rééquilibrage de pressions nous tire de cet instant hors du temps. On baisse les selles et c’est tipar ! On ne s’étendra pas sur la qualité de la longue descente sur Névache. Un peu de route et de piste plus tard et nous voilà au refuge. Le gardien nous propose pour la dernière étape une variante plus roulante. Nous décidons de faire confiance à ses chaussettes « Fox » pour cette petite entorse à la trace. Mais n’allons pas trop vite en besogne ; celui-ci, nous propose déjà une bonne bière !

* l’organisation se réserve tout de même le droit de proposer le Canada un de ces quatre.

Et tu pousses …
Et tu pousses …

Le lendemain, nous constatons que le taulier des Drayères avait tout bon avec son parcours en balcon côté Galibier. Nous retrouvons ensuite l’itinéraire au-dessus des arêtes de la Bruyère. Un bout de descente un peu plus scabreuse et nous récupérons les superbes chemins du Roy.

Et tu pousses …
Et tu pousses …
Et tu pousses …
Et tu pousses …

Ultime run à fond les ballons et les disques ne pourront refroidir qu’après avoir croisé la route du Lautaret. Snif, c’est déjà fini. Un dernier monaco et la voiture nous plonge dans une douce torpeur, allez on se réveille, rendez-vous l’année prochaine les lascarinos !

Et tu pousses …

Rédigé par Fabrice

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C
Merci pour le big up! :-) on valide pour le Canada...on part avec vous dans les sacoches! :-)
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