Better than nothing
Publié le 3 Novembre 2011
Le Yosemite : un vieux rêve et un rendez-vous raté, il y a cinq ans avec le groupe espoir. Depuis, pas mal d’eau a coulé sous les ponts et le bonhomme a posé du camalot en quantité. C’est donc avec Greg et Lucie que je pars rendre visite au granit le plus célèbre du monde avec comme objectif principal le half dome (sans déconner !!).
A San Francisco, on prend tout de suite le pouls de la démesure américaine, autoroutes en ville, voitures (et gens) énormes, bouffe limite comestible ;) Bienvenue au pays de l’oncle Sam. Une fois la voiture récupérée, nous partons illico pour le yos où il n’est vraiment pas facile de crécher. Mais bon, une tempête nous chasse provisoirement. Première vision du half dome et d’el cap : c’est fat !
Ben voilà, on y est, y a plus qu'à !!
Pendant que la neige tombe, nous faisons un petit tour à Séquoia Park et Kings Canyon. Deux belles journées mais j’avoue avoir plus envie de grimper que de faire de la botanique. Il me semble difficile de construire une phrase sans « Putain, j’irais bien grimper au half dome », au grand désarroi de mes acolytes.
J'ai trouvé un nouveau taf au marketing chez La Sportiva ... On tente ??
Trois jours plus tard, le santa fé est de retour au temple du big wall. Le premier siège consiste à faire la queue devant la cabane du ranger pour avoir une place à camp 4, un exercice douloureux à cinq heure du mat lorsqu’il gèle. Le soleil refait enfin son apparition et nous en profitons pour prendre la température dans serenity crack. Une belle voie où l’on ne se fait pas trop secouer.
C'est parti !!
Punaise, c'est juste dément !!
5.10a = 6a = combat
Encore un peu fatigués, on essaye le lendemain un petit secteur aux cotes lunaires. Deux 5.9 d’anthologie mais tout à fait terribles. Manquant un peu de matos, je me prends le combat du séjour dans une fissure verticale de 35 mètres. J’en sors en tremblant… Quelle claque !!
J'engage, les bras brûlent, 40 minutes de sport ...
Allez, on va chercher un peu de réconfort dans une voie plus tranquille : une tentative à Tuolumne Meadows avec le Fairview dome. La face est malheureusement en conditions pour le mixte écossais. Pourtant, le coin est superbe mais je commence à être dépité. Nous passerons ensuite l’après midi sur une falaise facile aux cotes aimables.
Le lendemain, le temps est maussade, on choisit donc une voie courte qui rappelle vite : Pillar of frenzy. Les trois premières longueurs sont splendides, c’est un véritable régal mais la pluie nous oblige à une retraite forcée. Trois longueurs, c’est un peu la hauteur max accomplie depuis le début : un comble pour un séjour au pays du big wall. De retour à camp 4, Marc, un américain super sympa compatit, prend du recul :
" You are in Yosemite, it’s better than nothing …
… better than nothing "
Mes camarades semblent supporter un peu mieux que moi cette frustration. Il pleut de plus belle … le vin californien coule aussi à flot ;)
Encore une petite voie pour attendre que ça sèche, demain on monte enfin au bivouac. Même si un ranger complètement débile nous interdit une première fois le permis car il y aurait déjà trois personnes, nous obtenons finalement le précieux sésame grâce à une collègue plus compréhensive et moins à cheval sur les règles. Pour le pays de la liberté, on aurait aimé plus de souplesse !! Mais le Yosemite est il est vrai victime de son succès.
Au pied de la face, la citadelle semble résolument imprenable. De plus, un bourdonnement sourd inexpliqué apporte à ce lieu une ambiance quasi religieuse. Il s’avéra par la suite que ce sont de simples mouches à l’origine de tout ce vacarme !
Le lendemain, vers 6h30 heures, nous remontons nos cordes placées la veille. Je commence par une longueur d’artif qui met bien dans le bain, ensuite ça déroule plus ou moins, avec de la grimpe pas trop soutenue. Par un petit crochet à droite, nous revenons dans la face proprement dite et cela se corse nettement. Les cheminées grimpent fort et engagent pas mal. Nous puisons dans nos ressources pour venir à bout de ces 17 premières longueurs car rien n’est donné ici. Vers 18h, Greg m’accueille enfin à sandy ledge. Plat de pâte / eau, il s’agit de recharger les batteries car nous sommes relativement rétamés.
Tout est majeur ici ...
Les redoutables cheminées ...
Soudain, un bruit sourd crève le silence, on croit d’abord à une chute de pierre mais il s’agit en fait d’une première wing suit qui nous offre un spectacle à couper le souffle, puis une deuxième et c’est le retour au calme. Coucher de soleil incroyable et nuit bien accrochée sur notre banquette perchée là-haut sur la montagne. Le lendemain, on voudrait sortir vite mais trois longueurs d’artif pénible nous séparent de la fin des difficultés. Puis vient enfin Thanks god ledge, un peu d’A0, un 5.7 et c’est le sommet : mémorable. Une forte émotion, comme à chaque grande course pour une expérience assez unique et la confirmation que le nose doit être une entreprise fort longue. Grimper, hisser le sac : un exercice physique, presque un travail ! Certains ne me contrediront pas ;)
Le matelas est un peu ferme mais on échangerait notre place pour rien au monde ...
Artif physique : il faut tenir bon !!
Enfin : did it ... Happy !!
Pendant ce temps, Lucie nous montre ces talents de photographe ... Y a pas à dire, ça claque !!
Libéré d’une (inutile) pression, je profite enfin pleinement du voyage. Death valley nous proposera de grands espaces arides, des soirées la tête dans les étoiles... et dans la piscine : un bon moment sans trop de monde. Red rocks, un grès parfait, Vegas, de la viande en très grande quantité et beaucoup de lumière. Et puis encore SF et puis … au boulot maintenant !!
Death Valley ...
Des lieux résolument plein de charme ...
Easy climbing !!
Fin de trip ... Sniff ...
Le Golden Gate ... c'est plus sympa que la fourrière et surtout, ça coûte moins cher !!
San Fransisco down town !!