I’m lovin’it !
Publié le 15 Mars 2015
Ce weekend ; ciel bleu insolent sur l’alpe (bien !) … mais peu de retours de courses (pas bien !!). Une bouteille lancée à la mer sur une adresse aussi réactive que la hotline de la poste : gregoire.lestienne.at.gmail.com. Finalement une première touche puis un zeste d’obstination (genre pêche à la grenade), et voilà que le repos dominical s’oriente idéalement vers les entonnoirs glacés de Chamouni. Où quoi comment ?? Franchement, on n’en sait rien … Tiens, pourquoi pas la Ravanel-Frendo ? Nous voilà donc de bon matin sur le parking des Grands, pas très frais pas très pimpants, essuyant d’entrée de jeu un superbe but « vent ». Il est vrai qu’on ne s’attarde jamais assez sur cette putain de carte des vents : 100 km/h là-haut. Le lever à 5h n’aura servi à rien : fait chier !
Brocouilles, nous tentons notre chance à la benne après avoir finaudé en achetant le billet au Montenvers pour zapper les mille ans de queue (NDLR : ne jamais commencer sa négo par « Normalement »). Ici, c’est la fashion week avec du norrona, du haglöfs, du arc’teryx mais aussi du millet pour les plus modestes. Dans ce foutoir multicolore, on a croisé Dom, ce vieux guidos super sympa qui a encadré mes premiers coups de pioches au Caf d’Aix, il y a plus de dix ans. Marsigny nous a aussi broyé la main ; c’est complètement people la benne !
Un petit café 3G pour temporiser/organiser et nous voilà entrain de déniveler vers l’aiguille à une allure kilianesque. En y réfléchissant, je ne saurais dire si ce néologisme colle bien à la situation : la fusée catalane ayant eu quelques déboires dans cette face Nord ;) Après ces records de vitesse, place aux escargots de l’arête mais grâce à un truc magique appelé « crampons », nous sortons des embouteillages et mettons de suite nos spatules en direction des pointes Lachenal. Objectif : la goulotte chips & soda (attention énigme du père Fouras puissance 12). On s’équipe paisiblement car il fait plutôt bon au soleil. De la glace facile pour chauffer puis rapidement un passage qui mobilise toutes les ressources du Greg. Trois onglées plus tard, à mon tour : pan ! Un grand écart vandamesque et je m’extrais du passage avant d’aller tâter le crux: M5+ en vrai coincement de lame. Un truc nouveau en terrain non aseptisé : Dément !
A présent, nous descendons la vallée blanche et mettons le clignotant à droite vers Leschaux avec un plat monstre long avant le mythique refuge. Les grandes Jorasses sont là, omniprésentes et complètement indifférentes à notre progression. Quasi personne dans le coin, juste une tente sous la face qui donne la mesure des lieux. Ici, c’est pas les goulottes de Chamrousse mon gars ! Pas d’infos donc et le risque de but qui va avec mais du wilderness, du vrai. Nous visons l’évidente goulotte Nord-Ouest de la pointe de Frébouze. Aux jumelles, ça sent bon mis à part un petit verrou caillouteux. Atteindre le refuge est plutôt désagréable : échelles, pentes de glace en solo et neige expo. Encore un peu d’acrobaties pour atteindre la porte d’entrée. Ouf, la bière est plus que méritée !
Dès lors, il s’agit de recharger les batteries avec le rituel de la fonte de neige … ou pas ! Quelle tête n’ai-je pas faite lorsque Monsieur Lestienne me ramena mon réchaud, mon petit titane, décapité, gisant entre ses mains penaudes. Argh ! Du beau boulot mon garçon : nous voilà gros jean comme devant ! Il faut reconnaître que les ingénieurs MSR ont été légèrement optimistes niveau sections et on espère qu’ils ne s’amusent pas à dimensionner des avions le week-end.
Allez champion, essaye donc de réparer tes conneries maintenant !!
Heureusement, deux acolytes sont également là et nous dépannent avantageusement. L’occasion de leurs refaire ici un petit big up et pas que pour ce coup de main. En effet, un des gars prévoit (et réussira) la FN des jojos demain en solo avec l’ambition d’ouvrir un truc. Cela nous laisse perplexe et/ou rêveur lorsque nous décollons à 6h du mat et que ce fou et/ou mutant dort comme un bienheureux.
De notre côté, on se concentre sur cette descente extrêmement désagréable avant de s’envoyer l’approche qui l’est tout autant, voire plus. Enfin la rimaye ! Putain, enfin … On s’équipe et c’est tipar pour de la bonne déroulante. Comme un vieux chacal, je laisse le guide tracer ce cône extrêmement chargé en prétextant à grands renforts de mauvaise foi, qu’il a plus la caisse. La suite ? Rien à signaler mais c’est beau, direct, classe, top.
Mais, ces 500 mètres nous paraissent foutrement plus long que ceux du débonnaire petit viking. Comme mon compagnon de bordée a un petit coup de mou, je plie la fin, car je me sens en plein forme. Il m’a juste fallu 5h pour me réveiller. 5h, c’est aussi le temps qu’il nous aura fallu pour partager cette belle varappe et poser nos fesses à califourchon sur cette arête baignée de soleil. Il manque plus que le café ! Les grandes Jorasses sont toujours là ; omnipotentes … Le calme est absolu, dieu que j’aime ces moments …
Il est temps de redescendre. Cette fois, pas la peine de gueuler le classique « corde !!!». Pas non plus d’imbroglios de nouilles au relais, on est vraiment plus que peinard. Les skis n’ont pas bougé et m’attendent pour le dernier crux de la journée : la descente ! Où j’ai encore pris le maxi tarif. Bien l’impression que sur les derniers mètres (et même les premiers après réflexion), Gaspard aurait mieux skié l’affaire. Bref, vers 19h, après deux heures à torturer mes quadris, nous voilà confortablement attablés, à déchirer un bon macdal ... après avoir croqué la vie à pleines dent !